Les fils et filles des intellectuels roumains ont plus de chances de devenir à leur tour des intellectuels, en comparaison avec leurs congénères provenant d’autres groupes sociaux. Les calculs statistiques récents montrent que les enfants des diplômés des universités roumaines ont sept fois plus de chances de faire des études supérieures que ceux de parents n’ayant pas suivi ou pas terminé des études universitaires.
Ces chiffres indiquent que la Roumanie manifeste une tendance à l’élitisme en matière d’éducation, accompagnant l’élitisme culturel que nous décrivions l’année passée dans le livre " La noblesse de l’intellect " (Boierii Mintii). Plus encore, les enfants des intellectuels roumains sont plus favorisés, en matière d’éducation, et parfois même beaucoup plus, que ceux de nombreuses sociétés occidentales (1,8 fois plus qu’en Angleterre, 2,6 fois plus qu’en Allemagne, 3,3 fois plus qu’en France et 4 fois plus qu’aux Etats-Unis).
L’héritage du statut d’intellectuel commence par la culture pédagogique des enseignants des écoles primaires pour lesquels les bonnes notes et la reconnaissance de l’effort ont été et sont concentrés sur les enfants " de bonne famille ". Une bonne partie des enseignants partagent un préjugé existant depuis longtemps en Roumanie, qui considère que la valeur intellectuelle d’un enfant et ses chances de réussir des études sont un reflet de la condition sociale de sa famille. Se basant sur l’analyse superficielle des apparences, beaucoup d’enseignants concentrent leur effort sur les " bons enfants ", ceux provenant de familles éduquées ou de leurs anciens élèves.
A la ségrégation sociale s’ajoute une ségrégation géographique entre le milieu urbain et le milieu rural.
Ces différences pourraient avoir des conséquences gravissimes sur la société de demain. Une campagne de sensibilisation sur ce sujet s’impose.
Un pas concret dans cette direction serait la création d’une ONG pour la solidarité sociale, laquelle gérerait les fonds nécessaires à des bourses au mérite pour les enfants de familles défavorisées. Sans cela, la Roumanie continuera à produire des génies gagnant les Olympiades internationales de sciences, aux côtés d’une masse d’élèves sous éduqués qui ne seront pas préparés pour faire face à la nouvelle société post-industrielle qui les entoure. [Sorin Matei]
[Roumanie.com]