Bucarest, 19 avr/Rompres/ - L’allocution prononcée mercredi soir par le président roumain Traian Basescu, concernant les suites négatives de son éventuelle suspension de cette fonction, la séance commune pendant laquelle le Parlement se prononcera sur la suspension du chef de l’Etat, les accusations lancées à l’adresse du président Basescu par Mircea Geoana, leader du Parti social démocrate (PSD, opposition), la diminution du nombre d’agences et d’autorités coordonnées par le Secrétariat général du Gouvernement et la Chancellerie du Premier ministre, la hausse du déficit du compte courant qui est devenu trois fois plus grand sont les principaux sujets abordés par la presse bucarestoise de ce jeudi.
La presse accorde de larges espaces à la séance commune des deux Chambres parlementaires, dédiée aux débats sur la proposition visant à la suspension du chef de l’Etat de cette fonction.
Sous le titre ’’L’apocalypse après Basescu’’, le journal Ziua écrit que Traian Basescu ne se présentera pas jeudi à la séance commune du Parlement. Dans un discours prononcé mercredi soir, Traian Basescu a averti les hommes politiques que leur geste de voter contre lui, si cela se produit, déclenchera une crise sans précédent en Roumanie. A l’avis du président Basescu, sa suspension conduira à une modification à la baisse de la note accordée à la Roumanie et au blocage des investissements étrangers.
’’Un jour avec deux présidents ?’’, titre pour sa part Romania libera, mentionnant que jeudi le Parlement pourrait adopter une décision historique pour le pays : Traian Basescu pourrait être le premier président de la Roumanie, suspendu de sa fonction. Si le Parlement vote sa suspension, le président est décidé à respecter sa promesse : il donnera sa démission dans les cinq minutes suivant cette décision. Le Parti social démocrate espère que la proposition visant à la suspension de Traian Basescu réussira. La coalition anti-présidentielle s’est élargie : elle réunit actuellement le PSD, le Parti conservateur (PC, opposition), le Parti Grande Roumanie (PRM, opposition), le Parti national libéral (PNL, au pouvoir) et l’Union démocrate magyare de Roumanie (UDMR, au pouvoir). Les voix nécessaires à la suspension, soit 233 sur un nombre total de 464, sont théoriquement assurées. Dans un article ’’Vacaroiu fait sa valise pour Cotroceni’’ (le Palais de Cotroceni, siège de la présidence, ndlr) le même quotidien écrit qu’une décision en faveur de la suspension de Traian Basescu propulse le président du Sénat (chambre haute du Parlement de la Roumanie, ndlr) à la fonction suprême dans l’Etat. Théoriquement, trois scénarios sont possibles. Compte tenu de la décision du président Basescu de démissionner, s’il est suspendu, il n’en reste pratiquement que deux : il continue son mandat, si le Parlement vote contre la proposition du PSD, ou bien, des élections présidentielles anticipées sont organisées. La troisième possibilité théorique, annulée pourtant par le chef de l’Etat, vise à la consultation des citoyens par référendum à la suite de sa suspension. Se penchant sur le même sujet, Evenimentul Zilei note que la suspension de Traian Basescu ne dépend que de 10 à 15 voix. Si la proposition du PSD jouit du vote favorable de la majorité des parlementaires, le président du pays est suspendu pour 30 jours. Au cas où le président Basescu est destitué, les fonctions de chef d’Etat seront assumées par le président du Sénat, en l’occurrence le social-démocrate Nicolae Vacaroiu.
Le Premier ministre Calin Popescu-Tariceanu, a déclaré qu’il serait présent à la réunion du Parlement, mais qu’il ne voterait pas. D’autre part, Mircea Geoana a accusé mercredi Traian Basescu d’avoir exercé un chantage sur certains juges de la Cour constitutionnelle pour obtenir un avis favorable à son égard. Les juges de la Cour ont rejeté les allégations du président du PSD.
’Qui est le président ?’ titre Cotidianul mentionnant que les jeux semblaient faits mercredi. Basescu n’a que des chances théoriques pour ne pas être destitué. L’état d’esprit au Parlement de la Roumanie, 24 heures avant la réunion commune, était totalement défavorable à Traian Basescu.
Sous le titre ’La présidence estime que c’est un coup bas, le Premier ministre - un séisme de magnitude 8’, Gandul écrit que la présidence a rejeté catégoriquement les accusations lancées par Mircea Geoana. ’Ces allégations visent à décrédibiliser l’avis de la Cour constitutionnelle’, a déclaré mercredi le porte-parole de la présidence, Valeriu Turcan.
Evenimentul Zilei et Ziarul financiar notent que l’exécutif à réduit, par une ordonnance d’urgence, de 29 à 12 le nombre des agences et des autorités coordonnées par le Secrétariat général du gouvernement et la chancellerie du Premier ministre.
Une partie des autorités et des agences sera subordonnée à d’autres ministères, d’autres seront indépendantes et une autre partie sera réorganisée, a annoncé mercredi le Premier ministre Calin Popescu-Tariceanu. Parmi les institutions qui continuent d’être subordonnées au Premier ministre figurent l’Office national de prévention et de lutte contre le blanchiment d’argent, le Département de lutte contre la fraude (DLA), l’Autorité pour la valorisation des actifs de l’État (AVAS) et l’Agence roumaine pour les investissements étrangers (ARIS).
Ziarul financiar écrit dans l’article ’Le marché a chuté fortement dans l’attente du dénouement politique’ que les sociétés d’investissements financiers (SIF) ont perdu mercredi, en moyenne, plus de 2,4%. La liquidité s’est maintenue à plus de 22 millions d’euros dans les conditions où il n’y a pas eu hier des transactions avec les actions de la Petrom et de la Banque roumaine de Développement (BRD), titres représentant plus de 55% de la capitalisation boursière du marché. Les courtiers affirment que cette évolution inattendue est due aux derniers événements intervenus sur la scène politique.
Le Parlement de la Roumanie a commencé à débattre de la proposition visant la suspension du chef de l’Etat de sa fonction
Bucarest, 19 avr/Rompres/ - La séance commune des deux Chambres parlementaires, dédiée aux débats et au vote sur la proposition visant à la suspension du chef de l’Etat de sa fonction, a commencé ce jeudi, avec une demi-heure de retard.
La séance a été ouverte par le président de la Chambre des Députés (chambre basse, ndlr) Bogdan Olteanu.
Les travaux commencent par la présentation de la demande de suspension du président de la Roumanie, Traian Basescu, formulée par 182 parlementaires, du rapport de la commission d’enquête et de l’avis de la Cour Constitutionnelle.
L’avis de la Cour Constitutionnelle sur la proposition de suspension du chef de l’Etat et ses motivations ont été publiés mercredi dans le Journal Officiel de la Roumanie.
Le président Basescu a annoncé qu’il donnerait sa démission, si le Parlement décide de le suspendre et qu’il déclencherait des élections présidentielles anticipées.
’’Dans la situation où, en dépit de l’avis de la Cour Constitutionnelle, le Parlement vote pour ma suspension, je démissionnerai de cette fonction dans tout au plus cinq minutes et j’appellerai devant l’électorat y compris ceux qui ont généré un abus constitutionnel’’, a dit le président Basescu.
Aux termes de la Constitution, dans le cas où le président donne sa démission, le Gouvernement devra organiser des élections présidentielles dans un délai de trois mois. La fonction de chef d’Etat sera assumée par intérim, en ordre, par le président du Sénat (chambre haute du Parlement, ndlr) ou par le président de la Chambre des Députés.
La Cour Constitutionnelle a établi que Traian Basescu n’avait pas violé gravement la Loi fondamentale, de sorte qu’il soit suspendu de sa fonction. L’avis de la Cour Constitutionnelle est consultatif seulement, alors qu’il appartient au Parlement de prendre une décision finale.
’’Tout fait de violation des dispositions de la Constitution n’est pas de nature à justifier la suspension du chef de l’Etat de sa fonction, ce ne sont que les violations graves qui peuvent le faire’’, indique la l’Instance constitutionnelle. Par des faits graves, la Cour entend ceux qui empêchent le fonctionnement des autorités publiques, la suppression ou la restriction des droits et libertés des citoyens, le fait de troubler l’ordre constitutionnel.
La démarche visant à la suspension du président Traian Basescu a été initiée par le Parti social démocrate (PSD, opposition). Elle est soutenue par le Parti Grande Roumanie (PRM, opposition) et le Parti conservateur (PC, opposition) qui ont annoncé que leur vote serait pour la suspension. Les parlementaires du Parti national libéral (PNL, au pouvoir) et ceux de l’Union démocrate magyare de Roumanie (UDMR, au pouvoir) voteront conformément à leur propre conscience. Le président du PNL, le Premier ministre Calin Popescu-Tariceanu, a annoncé qu’il serait présent dans la salle des débats, mais qu’il ne voterait pas. Les représentants du Parti démocrate (PD, qui a quitté le pouvoir, ayant pour ancien leader l’actuel président roumain Traian Basescu) ainsi que les parlementaires membres du Parti libéral démocrate (PLD, issu du PNL, ndlr) voteront contre la suspension du chef de l’Etat.
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