Bucarest, 7 juin /Rompres/ - L’antisémitisme ne dépend pas de l’âge, de la période historique ou de la génération, a déclaré jeudi à Bucarest, l’ancien ministre roumain des Affaires étrangères, Mihai-Razvan Ungureanu, participant à la session plénière de la réunion de l’OSCE, sur le combat de l’antisémitisme et la promotion du respect et de la compréhension mutuels.
A l’avis de M.Ungureanu, l’intolérance que certains manifestent vis-à -vis de la diversité pourrait être la cause de l’antisémitisme dans des pays européens.
’Les élites européennes actuelles présentent une tendance modérée, qui milite pour la compréhension de cette diversité, qui évite les extrêmes, mais non pas les extrémistes’, remarque M. Ungureanu.
A son avis, le phénomène antisémite est plus accentué dans les pays qui n’ont pas encore adhéré aux valeurs généralement acceptées à l’intérieur de l’Union européenne.
’Le populisme mais aussi la réévaluation de l’histoire par la perpétuation des ’mites’ constituent d’autres catalyseurs de l’antisémitisme’, a souligné l’ancien ministre roumain des Affaires étrangères.
Dans ce contexte ont été évoquées les tentatives de certains historiens et hommes de culture roumains de présenter le maréchal Ion Antonescu comme étant un martyre, une victime de l’histoire.
Selon Mihai-Razvan Ungureanu, un autre phénomène alarmant est celui de ’l’innocence nationale’ manifestée vis-à -vis de l’Holocauste, ’de nombreux leaders politiques actuels ne se considèrent pas coupables des actions d’hostilité envers les Juifs, commises par leurs prédécesseurs, et cherchent à trouver des excuses pour les erreurs graves du passé’.
Dans les discussions menées pendant la session, les intervenants ont été d’accord que promouvoir l’esprit de tolérance est une bonne chose, mais non pas suffisante. Les participants ont soutenu la nécessité d’une préoccupation constante en ce qui concerne le combat concret de toute forme de discrimination et d’antisémitisme.
Le professeur Elie Wiesel, lauréat du Prix Nobel de la Paix, a adressé jeudi un message vidéo, dans lequel il a attiré l’attention sur la persistance de l’antisémitisme et des groupes racistes au niveau des sociétés de certains pays européens.
’Je veux avertir de l’existence des groupes racistes et antisémites qui déroulent des activités publiques dans plusieurs pays européens’, a dit Elie Wiesel.
L’écrivain Elie Viesel, né à Sighet (nord de la Roumanie, ndlr), dont la famille a été envoyée à Auschwitz en avril 1944, s’est adressé aux officiels des 56 pays participant à la conférence de l’OSCE sur le combat de l’antisémitisme, dont les travaux se tiennent ces jours-ci à Bucarest. Il leur a demandé de dénoncer et de combattre les politiques et les idéologies racistes, antisémites et xénophobes qui persistent encore.
’L’antisémitisme est la plus vieille forme de manifestation de la haine, et, parmi les graves maladies du XXe siècle, c’est la seule qui ait survécu et qui se trouve encore au tour de nous, le communisme et le fascisme étant morts, en quelque sorte’, a ajouté Elie Wiesel.
Le ministre israélien des Affaires et des Services sociaux, Yitzhak Herzog, a quant à lui estimé que le combat de l’antisémitisme, sous toutes ses formes, était à présent le plus important défi pour l’OSCE.
[Roumanie.com]