La situation est tendue en Transnistrie, région séparatiste russophone située à l’Est de la République de Moldavie. Les autorités de l’autoproclamée "République de Transnistrie" ont fait fermer les 6 ou 8 écoles dont l’enseignement se faisait en langue roumaine et qui utilisaient l’alphabet latin. La décision de remplacer l’alphabet latin par le cyrillique a été prise par le Soviet Suprême de la Prednestrovie (nom russe de la Transnistrie) au printemps dernier. Il se pourrait également que les cours d’histoire de la Moldavie soient remplacés par des cours de l’histoire russe.
Dès le mois de juillet, la milice avait pris d’assaut les écoles concernées, défendues par leurs enseignants et par les parents d’élèves. Une partie des opposants avait été arrêtée et condamnée à quelques jours de prison. L’école-internat pour enfants orphelins de Tighina a même été prise d’assaut alors que les élèves s’y trouvaient, et ceux-ci privés de nourriture et d’eau afin de venir plus rapidement au bout de la résistance.
Toutefois, les autorités de Tiraspol ont déclaré accepter d’examiner les conditions de fonctionnement de ces écoles avec les représentants des autorités roumaines. En effet, la Transnistrie compte plusieurs écoles de langue ukrainienne ou russe qui fonctionnent selon les programmes des pays respectifs. La déclaration a été considérée en Roumanie comme une tentative d’impliquer le gouvernement roumain dans ce conflit, de façon à l’obliger à reconnaître l’existence légale de la Transnistrie en tant qu’état.
Vasile Tarlev, Premier ministre de la République de Moldavie a demandé l’aide de l’Europe pour normaliser la situation des écoles au-delà du Dniestr. Amnesty International a sollicité, par un communiqué adressé aux autorités de la République autoproclamée de Transnistrie, que soit respectée la liberté d’expression des enfants, des parents et des enseignants.
Le Ministère des Affaires Etrangères de Bucarest a exprimé sa "préoccupation concernant l’irrespect des droits fondamentaux de la région transnistrienne." ajoutant que "les dernières événements étaient extrêmement préoccupants et qu’il condamnait fermement les actions entreprises par les autorités séparatistes de Tiraspol."
Une délégation de diplomates européens, conduite par Robert Cooper, directeur général du Conseil de l’UE, s’est rendue à Chisinau, sur demande du Haut Représentant de l’UE pour la politique Etrangère Commune et la Sécurité, Javier Solana, afin "d’encourager la reprise de pourparlers".
Durant cette période, l’administration transnistrienne a interrompu plusieurs fois la fourniture d’énergie électrique des régions situées sur la rive droite du Dniestr et bloqué la liaison ferroviaire avec le reste de la République de Moldavie. Les milices transnistriennes ont occupé le port de Tighina, seul port sur le Dniestr contrôlé par les autorités de Chisinau. Des actions semblables avaient eu lieu en 1992 amenant à la séparation de la Transnistrie et de la République Moldave. [S.G.]
[Roumanie.com]