Florica Maria Sas est née en1841 à Aiud, département d’Alba, en Roumanie. Elle est plus connue sous le nom de Lady Florence Baker, exploratrice d’exception du XIXe siècle. Epouse du célèbre explorateur britannique Sir Samuel White Baker, elle l’accompagna en Afrique, des sources du Nil jusqu’au lac Albert.
Sa vie pourrait faire l’objet d’un roman de Jules Verne : restée orpheline à l’âge de 7 ans, chassée de sa maison de Transylvanie par la révolution de 1848, elle fut enlevée par le Turcs, puis élevée dans un harem de l’empire ottoman. A l’âge de 18 ans, elle fut mise en vente comme esclave. Elle était destinée à devenir une des femmes du Pacha, mais un riche aventurier anglais, Samuel White Baker, qui visitait par curiosité le marché aux esclaves de la région avec un ami Indien, fut ému par sa jeunesse, beauté et sa tristesse. Il l’acheta, l’enleva au Pacha, et ensemble, ils s’enfuirent en passant par l’Empire austro-hongrois.
Leur coup de foudre se transforma en un amour solide et durable. D’amante et confidente, elle devint son assistante dans l’organisation de ses expéditions, et son épouse. Elle l’accompagna dans de dangereuses explorations sur le continent africain. Ils participèrent à une des plus grandes découvertes géographiques de leur temps : l’exploration des sources du Nil.
Ces découvertes furent cruciales pour l’Empire britannique. Ils furent amplement récompensés, par une médaille d’or de la Royal Geographical Society, et par un anoblissement. Quand les rumeurs sur le passé peu conventionnel de Florence se répandirent dans la haute société anglaise, elle dut jouer de son charme et de son intelligence pour s’imposer comme une femme et une épouse modeste et respectable. Le couple fut finalement accepté par la gentry, et sa réputation établie lorsqu’ils furent reçus par le Prince et la Princesse de Galles. Seule la Reine Victoria a eu une attitude plus distante, car elle considérait que Florence avait eu des relations avec son époux avant le mariage, ce qui, de fait, était une réalité.
Riches et enfin reconnus par l’aristocratie, le couple aurait pu s’installer dans une confortable retraite, et renoncer à l’aventure. Cependant, sollicités par le Vice-roi d’Egypte, les Baker acceptèrent une mission presque impossible : celle de stopper le commerce d’esclaves noirs, qui avait détruit la vie de milliers d’Africains, et faisait l’objet d’un gros trafic dans tout l’empire ottoman. Même s’ils bénéficiaient de l’appui d’une petite armée, la campagne qu’ils menèrent pendant des années fut courageuse, car elle représentait une guerre ouverte contre un système cupide et bien installé.
En dehors des expéditions en Afrique, Florence a accompagné son époux dans des voyages de découverte à Chypre et au Japon. Si à l’âge de 18 ans, elle parlait déjà quatre langues (roumain, hongrois, allemand, et turc), elle a apprit par la suite l’anglais, l’arabe, et le kiswahili (dialecte d’Afrique centrale et de l’Est). Elle montait à dos de chameau, de mule et de cheval, et portait des armes lors des expéditions.
En regroupant les journaux, documents, cartes et photographie, l’anthropologue Pat Shipman (professeur à l’université de Pennsylvanie) a écrit le livre "Les amants du Nil" , une chronique romancée sur la vie et le destin peu ordinaire de cette Roumaine du XIXe siècle.
[sources : article Adevarul, photos Wikipedia]
[Roumanie.com]